Axilum Robotics, le robot médical français lauréat du Call For Startups InnoRobo 2016
Axilum Robotics est une jeune société française créée en 2011 et qui officie dans la robotique médicale. Fondée par trois chercheurs, deux ingénieurs roboticiens et un médecin, Axilum Robotics ambitionne d’automatiser les opérations de stimulations magnétiques trans-crâniennes, communément appelées TMS. Elle vient de remporter le premier prix du Call For Start-ups d’InnoRobo 2016.
Dépressions, schizophrénie, douleurs chroniques. Axilum Robotics veut toutes les éradiquer. Comment ? En recourant à la technique de la stimulation magnétique trans-crânienne (TMS), explorée par les chercheurs depuis les années 1980. Technique déjà répandue dans les pays anglo-saxons, elle est toujours mise au ban par l’Affsap, l’agence de santé française. Aussi, l’idée de concevoir un robot pour appliquer cette technique de manière infaillible devrait pouvoir en rassurer plus d’un. Et c’est une entreprise français qui l’a concrétisée.
Créée en 2011 à partir d’un projet de l’ICube (Institut de Mécanique des Fluides et des Solides) de Strasbourg, Axilum Robotics s’est donnée pour mission de commercialiser son prototype, appelé TMS-Robot. Le robot est déjà présent dans une bonne vingtaine d’établissements, divers et variés, des centres de recherches aux centres de TMS. De l’hexagone à l’Indonésie en passant par l’Allemagne et les Etats-Unis, le TMS-Robot d’Axilum utilise une technique non-invasive qui consiste à appliquer un générateur de champs magnétiques à une certaine fréquence sur le crâne d’un patient souffrant de dépression sévère ou de schizophrénie.
Le dispositif induit des impulsions électromagnétiques pour stimuler les neurones. En automatisant la procédure, le robot autorise une précision sans failles, puisque le robot adapte en temps réel la position du générateur en fonction des éventuels mouvements de tête du patient. Précision qui peut d’ailleurs être reproduite à l’identique lors de multiples sessions et ainsi opérer une stimulation ciblée qu’un médecin ne saurait exécuter manuellement. D’autant plus que la technique évite au médecin d’entrer lui-même en contact avec les champs magnétiques et que les sessions de TMS durent en moyenne une trentaine de minutes et doivent être administrées huit à dix fois par jour. Le recours à un système robotisé TMS-Robot permet également de faire avancer la recherche et la connaissance des mécanismes cognitifs du cerveau humain, c’est pourquoi le centre de recherche de Strasbourg fut parmi les premiers à en faire l’acquisition.
Des stimulateurs basiques et manuels existent déjà sur le marché. Mais la technique d’Axilum Robotics repose sur un système complet, avec une personnalisation automatisée grâce à un scanner cérébral 3D. La machine peut donc cibler directement les neurones à stimuler. Système guidé par images grâce à des capteurs 3D et composé de trois parties, le bras robotisé muni du générateur de champs magnétiques, le siège ergonomique et le logiciel informatisé qui gère le tout. La machine permet de cibler parfaitement les neurones pertinents, sans craindre de toucher aux autres. La machine, estampillée Dispositif Médical, nécessite encore d’être assistée d’un professionnel pour superviser l’opération et s’assurer que rien ne cloche, ne serait-ce que dans la programmation du protocole. “Aucun concurrent dans le domaine de la robotique sur ce secteur” précise Michel Berg, PDG d’Axilum Robotics et qui prévoit une expansion aux Etats-Unis le plus tôt possible. Car “le marché américain est un marché clé, où il y a le plus de cas de dépressions sérieuses” explique-t-il lors du pitch de son projet devant le jury du Call for Start-ups d’InnoRobo 2016. Un marché important d’autant plus intéressant que le TMS est d’ores et déjà autorisé et opérationnel. Le Medicare le prenant même en charge depuis 2012.
En attendant, la société a lancé une levée de fonds sur hoolders.com, une plate-forme non pas de crowd-funding mais de co-funding, dédiée aux objets connectés, à la silver economy et à la santé. Comprendre, investissez un minimum de 1000€ et obtenez des actions aux côtés d’investisseurs professionnels. Un business model qui se veut en rupture avec les plate-formes courantes, pour éviter les écueils des projets trop souvent avortés. Axilum a déjà amassé 278 000€ sur les 500 000 visés. Le but ? Conquérir l’Amérique après avoir obtenu l’autorisation de la Food & Drug Administration, prévue courant 2017, et développer des projets robots collaboratifs qui pourraient rendre le procédé deux à trois fois plus rentable à l’avenir.
Une expansion nécessaire dans la mesure où le business model de l’entreprise est encore fragile. Et pour cause, s’il n’a fallu que trois mois pour conquérir l’Indonésie, la période moyenne entre le premier contact et la livraison du robot au commanditaire avoisine les 12 mois et plus. L’entreprise prévoit de vendre 1000 robots à compter de 2020. Son modèle économique repose sur une prévision de ventes d’au moins 50% de ses commandes, de façon à être prévisible et donc viable. D’un chiffre d’affaire de 700 000 € en 2015, la société espère passer à 25 millions dès 2021, après avoir trouvé l’équilibre financier en 2019.